Un mail de Dominique Strauss-Kahn, envoyé depuis son portable,
aurait été lu à l'UMP. Ledit portable aurait ensuite été perdu et mystérieusement désactivé.
L'affaire Strauss-Kahn, dans son volet « Sofitel », semblait à peu près close. Le procès au pénal
pour tentative de viol a été évité grâce aux contradictions de la plaignante Nafissatou Diallo.
Heure par heure
Du coup de fil à Anne Sinclair 10h07 à l'arrestation à 16h45, la journée folle du 14 mai
2011.
DSK, pour sa part a admis une « faute morale », mais nié toute violence dans le rapport qu'il a eu
(en moins de sept minutes) avec la femme de chambre.
Un article à paraître ce weekend dans la New York Review of Book signé par Edward Epstein,
journaliste d'investigation chevronné, vient ajouter une belle zone d'ombre sur
l'affaire.
1/ DSK découvre que son BlackBerry a été piraté
Dans la matinée de l'épisode dramatique du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn a reçu d'une de ses
amies, une chercheuse travaillant, de façon transitoire, au siège de l'UMP à Paris, un SMS pour lui dire qu'au moins un de ses e-mails à sa femme, envoyé sur son BlackBerry, avait été lu à
l'UMP (qui démentait le vendredi cette information).
Inquiet, Strauss-Kahn a appelé sa femme à 10h03 (depuis ce BlackBerry professionnel, fourni par le
FMI) pour lui dire qu'il soupçonnait son téléphone d'avoir été mis sur écoute.
Il lui demande d'alerter Stéphane Fouks, son ami de l'agence Euro-RSCG, afin qu'il puisse rapidement
faire examiner son BlackBerry et son iPad par un expert, une fois qu'il sera de retour chez lui, place des Vosges à Paris.
2/ Une étrange célébration de joie
A 13h33, selon les images d'une caméra de
surveillance, deux hommes de la sécurité, Brian Yearwood et un autre qui n'a pas été identifié (mais qui est celui qui a accompagné Nafissatou Diallo à la sécurité de l'hôtel) s'isolent pour
une sorte de danse de célébration : ils se tapent mutuellement dans les mains, cela dure trois minutes. Puis, ils se postent près de l'entrée de
service, attendant visiblement la police.
Le journaliste s'interroge sur les raisons de cette célébration de joie. De même il s'étonne que ces
hommes aient traîné plus d'une heure avant d'appeler la police de New York, et note
qu'ils l'ont fait juste après un coup de téléphone de leur supérieur John Sheehan.
Epstein rappelle que le directeur de la sécurité d'Accor est René-Georges Querry, ancien patron de
la brigade antigang et qu'il connaît bien Ange Mancini, coordinateur national du renseignement en poste à l'Elysée, un autre « grand flic ».
3/ Le mystère de la chambre 2820
Nafissatou Diallo, après sa rencontre avec DSK, est entrée dans la chambre 2820, au même étage que
la suite de DSK. Elle a d'abord omis de le dire à la police. Mais sa carte magnétique l'indique.
Elle est entrée également dans la chambre 2820 AVANT d'aller
dans la suite de Dominique Strauss-Kahn. Le groupe Accor a refusé de dire à Ed Epstein qui occupait cette chambre.
4/ Le BlackBerry n'a jamais été retrouvé
Dominique Strauss-Kahn, depuis l'aéroport qui devait l'emmener vers Paris dans l'après-midi, a
appelé l'hôtel pour demander si d'aventure son Blackberry avait été trouvé (sa fille l'a d'abord cherché en vain au restaurant où ils ont déjeuné). L'employé, en présence de la police, lui a
répondu (faussement) que oui, et lui a fait savoir qu'il lui serait porté à l'aéroport.
En réalité, ce BlackBerry, avec tous ses messages, a disparu. Il n'a jamais été retrouvé. Tant la
police que les détectives privés de DSK ont depuis fait chou blanc.
Plus intrigant : à 12h51, trois quarts d'heure après la rencontre DSK-Diallo, selon les données
recueillies auprès de Blackberry, le téléphone a été non seulement déconnecté, mais aussi privé de son système de géolocalisation GPS.
Selon des experts interrogés par le journaliste, il n'est pas donné à n'importe qui de réussir à
désactiver ainsi le GPS d'un BlackBerry. Il faut le vouloir, et il faut une connaissance technique de l'appareil (cependant, on peut aussi enlever la batterie, il me semble).
Ed Epstein ne donne pas les réponses aux questions qu'il soulève. Mais il remarque qu'à la lumière
de la récente affaire du Carlton de Lille, on comprend que l'ancien directeur général du FMI s'inquiétât que son BlackBerry eût pu être « hacké ».
Epstein constate enfin que la disparition du Blackberry a empêché Strauss-Kahn de vérifier, comme il
comptait le faire à son retour, s'il a été trafiqué pour permettre à d'autres de lire ses messages.
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Voici le récapitulatif des événements de la journée du 14 mai 2011, dans l'après-midi de laquelle Dominique Strauss-Kahn a été
arrêté par la police de New York.
10h07-13 (16h07-13 à Paris). Dominique
Strauss-Kahn appelle sa femme Anne Sinclair depuis son BlackBerry professionnel. Il lui dit qu'une de ses amies, travaillant temporairement à l'UMP, lui a indiqué qu'un de ses e-mails envoyé
depuis son portable avait été intercepté par le Parti majoritaire.
12h06. La femme de chambre Nafissatou
Diallo entre dans la « suite présidentielle » 2806 (carte magnétique). Une relation sexuelle a lieu entre les deux.
12h13. DSK parle à sa fille depuis son
BlackBerry pro, pendant quarante secondes.
12h26-28. Nafissatou Diallo entre dans
la chambre 2820. Elle y est entrée plusieurs fois dans la matinée.
12h28. Elle rencontre sa supérieure.
Lui raconte qu'elle a été agressée. DSK quitte l'hôtel (caméras de sécurité).
12h42. Nafissatou Diallo et la
responsable des femmes de chambres, Renata Markozani, entrent dans la suite 2806 (carte magnétique).
12h51. Brian Yearwood, de la sécurité
de l'hôtel, entre dans la suite 2806. Le système de géolocalisation du BlackBerry de DSK est désactivé.
12h52. Diallo, Markozani et un homme
non identifié entrent dans le bureau de la sécurité de l'hôtel au rez-de-chaussée.
12h54. DSK arrive au restaurant
McCormick & Schmick's (caméras de sécurité).
12h56. Diallo est rejointe par Brian
Yearwood.
13h03. John Sheehan, directeur de la
sécurité chez Accor à New York, reçoit un coup de téléphone chez lui, à Washingtonville (Etat de New York). Depuis sa voiture, il appelle un numéro de téléphone commençant par 646, préfixe
américain.
13h33-6. Brian Yearwood et l'homme non
identifié qui a accompagné Diallo au bureau de sécurité de l'hôtel, se
congratulent.
14h15. DSK et sa fille quittent le
restaurant (caméras de sécurité).
14h16. DSK, depuis le taxi, téléphone
depuis son BlackBerry de secours à sa fille pour lui demander de chercher son BlackBerry dans le restaurant.
14h20. La sécurité de l'hôtel montre
une photo de Strauss-Kahn à Nafissatou Diallo.
14h28. Sa fille lui envoie un message
pour lui dire qu'elle n'a pas trouvé le BlackBerry perdu.
15h01. DSK téléphone depuis le taxi au
numéro de son Blackberry perdu. En vain, il est déconnecté.
15h28-57. La police conduit Diallo à
l'hôpital Saint-Luke.
15h29. DSK appelle l'hôtel depuis le
taxi. Il explique qu'il a perdu son portable.
15h42. Le Sofitel le rappelle. On lui
dit (faussement) que le portable a été retrouvé. Il dit qu'il est à l'aéroport. On lui dit que le téléphone va lui être apporté.
16h26. Heure officielle du vol Air
France
16h45. DSK est arrêté dans
l'avion.