05/02/2016 15:46
2 Mars 2016
Parce que ce blog que j’administre depuis quelques années, l’autocensure est inévitable.
C'est d'ailleurs souvent elle qui donne le ton aux publications chaque jour, qui oriente le choix des sujets ou qui dose le degré d'intériorité présent dans les différents blogs en ligne. Elle provoque également la diversité entre ceux-ci...Ce qui est tabou dans le blog de certains, sera le sujet principal pour d'autres.
Combien d'entre vous, mais en particulier quand il s’agit d’un blogueur-créateur n'ont pas, à un moment ou à un autre, éprouvé une certaine frustration devant ce « Cher Écran » ?
On s'est installé face au clavier, désireux de se confier, de se libérer et... voilà que se déclenchent les différents mécanismes de l'autocensure (la crainte du jugement, la crainte de blesser ou encore, la crainte de se rendre trop vulnérable en livrant ainsi son vécu quelquefois intime).
Mes doigts deviennent alors hésitants, la pensée s'embrouille, les questionnements pullulent : « Jusqu'où puis-je aller dans mes écrits ? De quelle façon puis-je transmettre ? Que va-t-on penser des textes par la suite ? »
Alors, si certains favorisent l'anonymat pour contrecarrer les effets de l'autocensure, s'adressant ainsi à un public d'inconnus qui auront possiblement le détachement nécessaire en parcourant les écrits, d'autres avouent qu'en réduisant leur lectorat (et donc, en restreignant l'accès à leur site)...
Ou encore cela les aide à trouver un ton plus intime, plus propice aux confidences (car ils ont moins à craindre un regard potentiellement hostile) et donc, de se sentir moins soumis à l'autocensure.
Tantôt perçue comme complice d'écriture, d'autres fois comme ennemie qu'il faut combattre, l'autocensure varie d'un individu à l'autre en plus de se manifester de façon tout aussi consciente que... inconsciente (Ah, elle a plus d'un tour dans son sac !).
On s’interroge sur « le moi » que nous essayons de dévoiler, de comprendre et d'analyser, et ce, malgré l'autocensure.
L'idéaliste tente de cerner jusqu'à quel point l'autocensure serait volontaire ou inconsciente (les deux à la fois ?) tout en nous démontrant avec ses commentaires ses répercussions au sein de la liberté d'expression. Finalement, ma petite touche personnelle pour illustrer comment l'autocensure entre parfois en conflit avec le désir de mettre à nu son intériorité...
Je n'ai appris que trop vieux qu'il valait mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Donc d’écrire !
Un jour, je me suis juré solennellement de ne plus jamais prononcer une parole sans avoir évalué sa portée et réfléchi aux réactions qu'elle risque de provoquer.
Mais, sincèrement je n'y arrive pas !
J'ai très peu de souvenirs des circonstances qui m'ont amené à cette grave décision, mais je suppose que j'ai blessé ici et là quelqu'un par des paroles irréfléchies qui ont eu de sérieuses conséquences.
Alors, faute de pouvoir les ravaler, j'ai pris la résolution de tout mettre en œuvre pour ne plus jamais commettre cette erreur.
Même si l’erreur est humaine…donc il me sera pardonné. Peut-être ???
Aujourd'hui, je connais mieux mes limites et j'évalue plus aisément celles des autres. Mais, chassez le naturel, il revient toujours au galop !!!
Je suis doué, je crois pour réfléchir à toute vitesse en ne laissant rien paraître de mon dialogue intérieur. Pendant que chaque phrase est analysée, décodée, corrigée et reformulée si nécessaire avant d'être exprimée, je demeure imperturbable et tout souriant devant mon interlocuteur inconnu vraiment mais qui ne remarquera rien.
La mécanique d'autocensure est d'une efficacité étonnante et presque sans faille. J'élimine le superflu, les mots à double sens et les détails inutiles, mais surtout j'adoucis les expressions un peu trop directes et je freine mes élans trop audacieux.
Alors oui, je l'avoue, je m'autocensure constamment et je suis certainement passé un tout petit peu maître dans l'art de me critiquer.
Le contrôle s'opère dans tous mes échanges avec « les autres ».
Mon attitude critique se répercute dans mes écrits virtuels.
Enfin, j’essaye… J'insiste sur le mot virtuel, parce que dans mes écrits, c’est « planqué dans mon cerveau » ! Mais je sais très bien que je n'atteindrai jamais cette liberté d'expression dans l'écriture d'un blog privé sur internet.
Parce que je ne saurai jamais réellement à qui je m'adresse. Raison de plus pour faire attention à ce que je publie…
Je me bats constamment entre l'envie de m'exprimer avec plus de sincérité et la nécessité de préserver les secrets de ma vie pour mieux me protéger.
Cette dualité, je la vis chaque fois que je m'installe devant le clavier. Je me dis non, très souvent. Je me refuse le droit à la liberté sans surveillance. J'ai moins peur de souffrir de ce que je n'ai pas écrit que des répercussions de ce que j'aurai osé écrire.
J'arriverai peut-être un jour à me sentir un peu fort et à faire preuve de plus de courage. Car il faut une grande force pour défendre ses idées, sa vie, son autobiographique, avec conviction et pour cesser de craindre la critique des autres.
Parmi ces autres, je suis certainement le pire des critiques envers moi-même. Si je cessais de me critiquer, je saurais certainement éviter la censure.
Là où je m'interdis de penser, de dire ou d'écrire, je m'interdis aussi de vivre sans bouteille d’oxygène en cas de peine apnéique.
Et je crois encore que c'est l'expérience, bonne ou mauvaise, qui fait grandir.