22 Octobre 2015
Il est important de d'abord bien distinguer la jalousie de l'envie. On peut être envieux du collier de perle d'une amie, de la voiture d'un inconnu. La jalousie est un désir de possession de l'autre. Freud parlait de pulsion d'emprise.
Le type de jalousie amoureuse s'établit dans le couple, c'est un symptôme relationnel qui ne se développe qu'avec la rencontre « amoureuse ». On peut cependant distinguer deux types de jalousie. La jalousie-symptôme, celle pour laquelle la plupart des couples consultent, et la jalousie-maladie, véritable pathologie.
La jalousie-maladie
Ce type de jalousie est le révélateur d'une psychose (ce que nous appelons communément la folie). La jalousie-maladie ne relève pas seulement de la prise en charge psychologique.
Le cas typique est la révélation inattendue d'une attitude possessive pouvant aller jusqu'à la violence morale ou physique.
Après plusieurs années d’union maritale, le compagnon de vie, possessif, couvrant sa femme de cadeaux peut basculer dans la psychose.
Le changement soudain de rythme de vie de sa femme a provoqué chez lui l'émergence d'un désir de possession totale. Alors que, par exemple, madame avait commencé à boire et à sortir seule, il s'est mis à surveiller ses allées et venues, à la suivre et surgir dans sa vie personnelle à l'improviste.
La jalousie est progressivement devenue son moteur, sa raison d'être, rythmant ses pensées et ses actes. L'évolution de leur rapport de couple avait fait resurgir en lui des éléments inconscients d'un passé enfoui.
La brutalité physique n'a pas tardé à apparaître qui a été l'élément déclencheur de la consultation.
La plupart du temps, dans ce type de situation c'est la femme qui provoque la rencontre avec le thérapeute. Elle est la victime. Le jaloux maladif, lui, se sent bien, car il trouve un exutoire à son mal être dans la violence par exemple.
La situation devient vite invivable et la consultation d'un spécialiste est alors le plus souvent liée au dépôt d'une plainte auprès des services de police.
Cependant, la plupart des consultations concernent la jalousie-symptôme. Loin d'être une pathologie psychiatrique c'est un symptôme névrotique comme chacun d'entre nous en connaît.
La jalousie symptôme
La jalousie symptôme, très répandue, s'établit dans le cadre de la dynamique de couple « normale ». Le jaloux est quelqu'un qui a en permanence un désir, une pulsion d'emprise sur l'autre. Il peut d'ailleurs voir cette possessivité contrecarrée par des attitudes du jalousé. La plupart du temps, ce dernier recherche en effet inconsciemment la jalousie de son partenaire.
Chez le jalousé, la jalousie excite le désir de se faire désirer. La jalousie de l'un est entretenue par le désir d'être désiré de l'autre.
Chez certaines personnes, la démonstration du désir de l'autre est même un facteur d'excitation sexuelle. Dans ce cas, le jalousé " joue " à mettre le désir de l'autre à l'épreuve. Cela peut provoquer une certaine jouissance.
Ce type de jalousie est commun. Par exemple, de retour d'une soirée « en célibataire » improvisée, les réponses évasives du jalousé à la curiosité du jaloux peuvent former la trame, consciente ou non, d'un jeu érotique subtil.
Dans le cadre de la jalousie-symptôme, et contrairement à la jalousie-maladie, ce n'est pas toujours le jalousé qui fait appel au thérapeute. Dans ce genre de situation, le jaloux souffre au même titre que le jalousé.
Le sexologue travaille alors sur le psychodynamique du couple : il s'interroge sur les raisons de la jalousie de l'un, sur celles qui font que l'autre est jalousé.
Cependant, les professionnels s'arrêtent rarement à la jalousie en tant que tel. Il ne s'agit le plus souvent que d'un des éléments de fonctionnement de la personnalité du sujet qui renvoie à son histoire.