2 Juillet 2012
Eden tant attendu, récompense « finale » d'une vie de labeur, la retraite constitue aussi un bouleversement majeur auquel nul n’est préparé psychologiquement et encore
moins un dirigeant d’entreprise depuis des dizaines d’années.
On peut se retrouver cloîtré chez soi, sans repères. En très peu de temps, on peut dégringoler... ou tomber sous le coup récurrent d’un état de procrastination (remettre toujours au lendemain ce que l’on peut faire de suite)
Il n'est pas rare, en effet, que l'euphorie des premiers mois cède la place à un grand vide. Face à cette angoisse du "je ne sers plus rien", certains nient l'évidence.
Les premiers temps de la retraite sont ceux du passage angoissant d'une activité soutenue et
structurée à un temps déstructuré. Période de bouleversements psychologiques, familiaux, sociaux, de perte de statut, d'utilité sociale, d'identité, de réseau relationnel, l'entrée dans la
retraite peut être vécue comme une petite mort.
Dans une société touchée par le chômage et préoccupée par l'avenir, les retraités sont souvent considérés comme des privilégiés n'ayant pas légitimité à se plaindre !!!
La retraite est un passage, un moment de crise avec, comme à l'adolescence, un questionnement sur l'identité. C’est une forme de deuil de la vie professionnelle et de reconstruction.
Accepter le changement pour se forger une nouvelle identité et ne pas demeurer éternellement
« l'ancien directeur marketing de... » telle entreprise.
S'écouter enfin, se dessiner un rythme personnel. Ouvrir le dialogue dans son couple amoureux pour
trouver un nouvel équilibre et s'aménager des sphères d'autonomie.
Combattre, surtout, l'idée que la retraite est une fin en soi, que l'on sera heureux en attendant que le temps passe.
Il faut trouver une raison de se lever le matin. Certains pensent que les albums photos et les mots croisés vont remplir leur vie...
Il y a une vingtaine d'années, avec la retraite à 60 ans, nous sommes passés de la retraite repos à la retraite loisirs. Aujourd'hui, avec parfois trente années de retraite à vivre, un pouvoir d'achat qui n'est plus ce qu'il était, de grands enfants autonomes avec leur famille, j’ai toujours envisagé une reprise partielle d'activité, panachée de repos et de loisirs.
Mais reprendre une activité demande beaucoup de relationnel parmi les chefs d’entreprise et il est totalement vain, à un âge certain, de parcourir les annonces de chasseurs de tête ou les petites annonces…
Quant recréer « sa petite entreprise », même en profession libérale, l’économie actuelle, notoirement en Europe, dicte ses impératifs de prudence. Elle nécessite une disponibilité de fonds propres importants dans tous les cas de figure.
Alors, si le goût d’écrire, de se resocialiser, de « sortir », de tutoriser en entreprise de jeunes diplômés, ne peut passer que par le cercle des relations souvent amicales, bardés de ses diplômes, solliciteurs.
La démarche n’est pas aisée - euphémisme - même si votre expérience, votre itinéraire, voire voir votre talent, ne sont jamais mis en cause. Resté cloîtré, Télévision, Presse, ordinateur personnel, et la chambre juste à côté de votre bureau vous attire de manière magnétique.
Il faut plus de courage, infiniment plus, que lorsque vous étiez, comme on dit, « en
activité » ! En somme, il faut re-prouver sa capacité à apporter de la valeur ajoutée quand vous avez mis des dizaines d’années et de
manière notoire à obtenir des résultats parlants d'eux-mêmes... qui sont LES preuves !
Ce n’est pas dans je ne sais quelle « retraite »
que nous nous découvrirons.
C’est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule,
chose parmi les choses, homme parmi les hommes…