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25 Septembre 2012
Il existe quatre qualités : l’odeur, le goût, la forme et le toucher.
La Terre possède les quatre qualités
L’Eau possède la saveur, la forme et le toucher.
Le Feu possède la forme et le toucher
L’Air possède uniquement le toucher
Le sens du toucher est très élémentaire, au sens archaïque du mot.
L’enfant, après entendu la
voix de sa mère explorera son monde par le toucher, ce monde alentour qui reste encore indifférencié. Le toucher comporte le sens thermique du glacé, du froid, du tiède, chaud, brûlant
etc. et le tact comme le doux, le rugueux, le soyeux, le rêche etc. Indifférencié veut dire ici que le toucher est purement qualitatif.
Ce qui est
seulement touché comporte des nuances, mais pas aussi nettement « d’objet » qu'il peut y avoir un objet dans l’identification par concept associée à la vue. Le toucher nous donne une présence
palpable et il est significatif que c’est au sens du toucher que l’homme se réfère pour appuyer sa représentation de la réalité empirique. Le tactile est moins sujet à illusion que la vue. On
voit mal comment le rêche, le lisse, le froid etc. pourraient être autre chose que ce qu’ils nous paraissent et se révéler différent.
Au toucher les choses prennent vie et ne sont pas seulement des objets utilitaires.
Le canif dans ma poche, puis dans ma main a sa forme, son poids ; prendre le temps de le sentir au creux de la main, c'est lui accorder une existence à part entière, sentir qu'il est une réalité sensible qui mérite quelques précautions.
L'utilisation comme « couteau » nous met dans la pensée utilitaire, et dans la pensée utilitaire une chose ne reçoit plus d'accueil. Si nous laissions les choses être ce qu'elles sont en les touchant, en les caressant, nous ne serions pas loin d'éprouver leur présence comme une énergie subtile, ou comme celle d'une entité.
« Objets inanimés avez-vous donc une âme ? » dit le poète...
Il faut une grande qualité de
sensibilité du tact pour entrevoir l'âme des choses, pour pressentir qu'elles pourraient bien chacune d'entre elles, avoir une "structure de conscience".
Si nous accordions au toucher toute l'importance qui lui revient, notre commerce avec les choses serait profondément modifié. De la sensibilité du tact dépend le sens du raffinement qui nous porte à nous entourer de belles choses.
L'amour des choses n'a rien à voir avec l'avidité qui consiste à nourrir l'ego en possédant des objets à n’en plus finir. Le plaisir du tact a partie liée avec le soin que nous accordons à la beauté.
Passer la main sur la frise d'une armoire, tout en respirant l'odeur de la cire, prendre au creux de sa paume une poignée de porte, toute lisse des milliers de mains qui l'on ouverte, toucher le grain d'un papier peint, la courbe impeccable d'une assiette de faïence, soupeser la pince qui sert à mettre du bois dans le feu: il y a mille et un gestes du toucher que nous pourrions faire consciemment.
Nous pourrions connaître ce plaisir de la rencontre des choses.
Au lieu de cela, nous sommes tellement accaparés par nos pensées que nous errons comme un fantôme au milieu des choses sans percevoir leur individualité.
Nous vivons coupés du monde des choses et nous ne les appréhendons que comme objets relatifs à une utilité.
Cette séparation, ainsi que la relation purement utilitaire, produit l'indifférence et l'indifférence produit la négligence, la saleté et le mauvais goût.
Nous devrions apprendre très tôt à nos enfants le contact des choses Il n'y aurait plus alors à leur crier dessus de prendre soin de leurs affaires ! Un tout petit amour se noue dans le toucher des objets qui est déjà un élément de culture.
C'est aussi à partir de
là que nous pourrions faire sentir à un enfant la différence entre un objet technique et son caractère très fonctionnel et le supplément d’âme contenu dans un produit artisanal fait à la
main.
Tout le monde sait que le contact avec l'animal est important pour l'équilibre psychique de l'homme. Caresser la fourrure d’un chat ou d'un chien qui se blottit sur nos genoux est un moment délicieux. Pour un temps nous n’avons plus besoin d’être entièrement « dans la tête », nous pouvons être là et en quelque sorte laisser l'animal "domestique" nous enseigner cette incroyable lâcher prise que manifeste spontanément l’animal au repos.
C’est aussi un moment où nous n'avons plus besoin de produire une image de nous-mêmes.
Le chat nous accepte tel
que nous sommes. Nous pouvons lui donner une affection sans introduire d’attente. D’ailleurs le chat ne fait jamais ce que nous voulons. Il est très indépendant. Quand il se laisse caresser,
c’est une grâce qui est en fait aussi riche que la chance en forêt d’avoir pu croiser un chevreuil.
Aussi étrange que cela
paraisse, le contact avec l’animal nous permet d’être nous-mêmes. Il nous permet de sentir ce qu’est une spontanéité, une vitalité, libre de tout concept, une célébration de la vie qui ne
garde rien en réserve pour plus tard mais célèbre le moment présent.
Le chien est incroyablement doué dans la célébration de la vie. Malgré la cruauté avec laquelle son espèce a souvent été traitée, il conserve une bonté et une affection sans limite. Nous
n’y faisons pas attention, mais caresser un chien est un privilège.
Du contact, nous irons spontanément vers cette vitalité libre et facétieuse qui n’existe plus guère que chez l’enfant.
L’homme adulte est si souvent mortellement sérieux et il a besoin de se ressourcer au contact de l’animal pour se sentir revivre dans la joie simple d’exister sans autre bien. Mettez
un chien dans une salle d'attente et tout le monde se mettra à parler.
Cette joie simple du chien est aussi importante. Le sens du tactile nous rapproche de la nature et le contact avec l’animal nous y introduit. Là aussi, ce n’est qu’une question de conscience ou d’ouverture de la conscience au domaine du sensible.
Difficile d’évoquer le toucher dans la relation humaine…