05/02/2016 15:46
28 Mars 2016
Au lieu de continuellement renoncer à être moi-même, je dois apprendre à me respecter.
Qui n'aimerait pas avoir un peu (ou beaucoup) plus confiance en lui-même ?
Qui ne souhaite pas augmenter un peu (ou beaucoup) son estime de lui-même ?
Nous aimerions tous être encore un peu (ou beaucoup) plus sûrs de nous-mêmes afin d’augmenter notre sécurité intérieure.
Ces certitudes intérieures auxquelles nous aspirons semblent bien mal distribuées.
Nous avons souvent l'impression qu'elles sont plus ou moins un cadeau du destin, le résultat d'une chance que nous n'avons pas eue.
Il s'agit de caractéristiques qui appartiennent à d'autres et demeurent, pour toujours, hors de notre portée.
Pourtant, c'est tout le contraire qui est vrai ! Ces qualités sont des résultats.
Elles apparaissent naturellement à la suite de certains genres d'action.
Elles se bâtissent peu à peu chez les personnes qui se comportent d'une façon particulière.
Plus précisément, ces qualités sont le résultat principal qu'obtiennent les personnes qui, dans leurs actes, sont soucieuses de se respecter elles-mêmes.
Difficile à croire, n'est-ce pas ? Pourtant, c'est bien vrai! Je crois même que chacun de nous est capable de le vérifier directement à partir de sa propre expérience de vie.
Le changement se fait graduellement et comprend plusieurs étapes qui peuvent s'entrecouper par moments.
La durée de chacune est plus ou moins longue; elle varie selon l'importance de l'aliénation et selon l'investissement que chacun met dans le travail sur son changement.
Voici dont une énumération des acquisitions les plus importantes pour sortir du modèle d'interaction de la "dépendance affective".
Les phases du changement
La première tâche à réaliser pour sortir de ce modèle d'interaction consiste à devenir important à mes propres yeux.
C'est là un travail fondamental et d'importance capitale sur lequel j'élaborerai en détail un peu plus bas.
Courage !
En deuxième lieu, je devrais travailler à assumer mon besoin d'être aimé.
S'assumer est la clé du développement personnel.
Plus une personne s'assume plus elle est un "sujet" dans sa vie, c'est-à-dire la personne en charge et aux commandes de sa vie.
Par conséquent, son expérience est intérieure et valable à ses yeux, plutôt que projetée sur l'extérieur et ébranlée par le doute.
Ainsi, plus elle s'assume, plus elle a du pouvoir sur sa vie et plus sa sécurité personnelle va croissant.
À l'inverse, moins une personne s'assume, plus elle se vit comme "objet", plus elle tente de répondre aux standards d'autrui en se reniant, plus elle s'aliène et devient à la merci de son entourage.
Dans ce cas, elle ne s'appartient plus, son pouvoir sur sa vie est limité et sa sécurité diminue régulièrement.
Cela veut dire d'abord considérer que "mes besoins appartiennent à moi seul".
Les autres ont leurs propres besoins et ils en sont aussi responsables.
Ainsi exprimé, c'est une tautologie ("tautologie" désigne une proposition toujours vraie, une Lapalissade en fait) mais il n'empêche qu'on voudrait parfois que nos besoins aient, pour l'autre, la même importance qu'ils ont à nos yeux, quitte à ce qu'ils renient les leurs.
Cela veut aussi dire "exprimer son besoin" quand il est important que l'autre le connaisse. Mais cela ne signifie pas qu'on considère que le seul fait de dire son besoin oblige l'autre à y répondre...
Il suffit parfois d'exprimer son besoin pour que l'autre en tienne compte, mais ça n'a pas à être ainsi.
C'est possible à la condition que l'autre soit disponible à y répondre ou qu'il consente à faire ce qu'il faut pour y répondre.
Mais l'autre n'est pas toujours disponible; il a sa propre vie et ses propres besoins.
Il peut volontiers m'apporter un verre d'eau si ça lui fait plaisir de me faire cette douceur.
Mais s'il le fait parce qu'il n'est pas capable de me refuser mes petits caprices, c'est malsain pour lui et pour moi.
Il peut faire des choses qui demandent beaucoup plus d'investissement de sa part. S'il le fait avec plaisir, par affection pour moi, il n'y a pas de problème.
S'il le fait parce qu'il considère que c'est un échange équitable compte tenu de ce que je fais de mon côté pour lui, tout va bien... il n'y a pas de pépins à l'horizon de la relation à ce sujet.
Si, par contre, je compte sur les efforts de l'autre pour éviter de m'assumer, je m'engage dans un processus malsain à la fois pour moi et pour lui.
Prendre mon besoin en charge signifie donc de poser toutes les actions "compromettantes" nécessaires à la satisfaction "de l'autre"
Même s'il est plus rassurant de laisser à l'autre le soin de prendre les initiatives plus audacieuses ou gênantes, c'est à moi de porter mon besoin en posant ces gestes.
En assumant moi-même ces pas compromettants, je crée les conditions qui me permettront de profiter vraiment des résultats. Prendre mon besoin en charge signifie aussi de "faire moi-même les efforts pour le satisfaire" plutôt que de compter sur les autres pour les faire
Par exemple, je mets les autres au service de mes besoins si je choisis de me laisser entretenir pas une assistance sociale sous prétexte que les rentes sont plus élevées que le montant d'autres revenus.
Si au contraire j'accepte de porter moi-même mes besoins, je ferai le nécessaire pour augmenter mes capacités à satisfaire mes besoins en travaillant davantage, en augmentant ma compétence ou encore en me mobilisant pour inventer des solutions.
Je paierai moi-même le prix pour ce que je veux ou ce que je peux.
Porter la responsabilité de mes besoins implique également "d'assumer les conséquences" de ce que je fais pour les combler.
Il serait tentant de faire pression sur eux pour qu'ils m'endossent parce que cela m'éviterait de vivre une certaine culpabilité.
Si j'ai cette tendance, il me faudra être vigilant pour ne pas les accuser injustement de vouloir me rendre coupable (de me manipuler pour que je change d'idée) s'ils ne jouent effectivement pas cette carte.
Ma culpabilité est à moi, bien sûr et elle n'est pas forcément générée par les autres.
C'est peut-être ma manière personnelle d'avoir de la difficulté à déranger les autres pour pourvoir à mes propres besoins. Prendre la responsabilité de mes besoins, enfin, signifie "d'assumer les conséquences" de ce que j'omets de faire pour les combler.
La notion de responsabilité personnelle paraît si complexe quand on s'y objecte (mais tellement évidente quand on l'accepte) qu'il faudrait un article encore plus long, pourtant déjà....) pour l'expliquer à fond.
Une lecture sur les dénis de la solitude et de la liberté, toutefois, pourrait compléter avantageusement ces arguments.
J'ai expliqué que le modèle d'interaction de la "dépendance affective" est une tentative déficiente de conquérir son droit d'être.
Pour réussir la quête du droit à l'existence, il faut la faire en portant ouvertement son besoin d'être une personne de valeur ou son besoin d'être aimé.
Ma démarche de changement sera plus efficace si je suis sensible à la dimension de mes réactions et si je cherche activement à résoudre ces transferts.
En effet, tous ceux qui cherchent activement à être aimés tout en dissimulant cet enjeu lorsqu'il est présent, vivent cela dans le cadre de relations "tranférentielles".
La conquête du droit à l'existence est grandement accélérée si on apprend à se servir efficacement de nos relations transférentielles pour évoluer.
Quatrièmement, ma conquête du droit à l'existence réussira si je consens à me mobiliser et à prendre des risques d'exprimer ce que je vis d'important.
Ce travail d'expression permet d'assumer ses besoins; il existe des façons de s'exprimer qui sont plus efficaces pour y parvenir.
Les qualités de l'expression permettent de communiquer notre expérience complètement et en contact.
Comme vous l'imaginez sûrement, tout ce travail prend du temps. Il s'agit en effet d'une transformation profonde et difficile qui est très exigeante au plan émotif.
Il faut remplacer des comportements où il y a peu de contact réel par une façon d'être dans laquelle on se montre vraiment.
Il s'agit de mettre à jour continuellement les enjeux de la relation plutôt que d'en dissimuler l'importance réelle.
Voyons maintenant plus en détail, la première tâche à laquelle doit se consacrer la personne prise dans le modèle d'interaction de la "dépendance affective".
Comment peut-elle parvenir à devenir importante à ses propres yeux ? Comment parvenir à "s'aimer" suffisamment pour commencer à tenir à se respecter ?
On peut donner une image de cette dimension en comparant l'amour à un sport de contact.
Cette expression évoque plusieurs dimensions importantes de la relation amoureuse. (Bien sûr, il s'agit ici de la version originale du sport et non de sa transposition commerciale qui sert au divertissement des spectateurs et à l'enrichissement démesuré des athlètes.).
La satisfaction principale
Le fait de comparer l'amour à une activité sportive permet d'abord de souligner que sa principale (ou seule) raison d'être est le plaisir ou la satisfaction qu'en tirent les participants.
Cette satisfaction peut prendre bien des formes, pourvu qu'elle soit vraiment réciproque. Si elle cesse de l'être, la relation est immédiatement en danger.
La croissance est un aspect particulièrement important de cette satisfaction mutuelle.
L'activité sportive - pour citer cet exemple - permet de développer nos capacités physiques et mentales ainsi que nos habiletés.
De la même façon, la relation amoureuse est un lieu privilégié de développement personnel à cause des nombreuses dimensions de nous qu'elle met en jeu. Si elle sert bien l'épanouissement des deux partenaires, la relation peut assez facilement être durable.
Mais si elle devient un obstacle au développement de l'un ou l'autre, elle court le danger d'être abandonnée et mérite de l'être.
Même s'il ne s'agit pas d'une relation amoureuse, les Beatles pourraient illustrer ce point.
Le fait d'être ensemble leur a permis non seulement d'atteindre des sommets qu'aucun d'entre eux n'aurait pu approcher seul ou n'a pu égaler individuellement par la suite. Leur rassemblement leur a permis de révolutionner profondément l'histoire de la musique populaire.
Mais cette relation qui avait favorisé l'épanouissement de chacun de ses membres est ensuite devenue une limite pour certains d'entre eux.
C'est alors qu'elle est devenue un poids et qu'elle devait prendre fin malgré les pertes considérables que cette séparation devait causer.
On peut aussi évoquer des exemples classiques de couples qui, tout en étant très exigeants et souvent chargés de conflits, ont permis à leurs membres de se provoquer mutuellement à se développer davantage.
Jean-Paul Sartre et Simone De Beauvoir font sûrement partie des premiers exemples qui viennent à l'esprit. On est parfois tenté de croire que la durée de la relation est son but principal.
"Pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort nous sépare" dit-on dans la cérémonie du mariage.
Mais en réalité, son but fondamental est la création de satisfaction et d'épanouissement pour les deux partenaires.
La résolution des problèmes rencontrés en cours de route n'est pas la raison d'être de la relation; il s'agit seulement d'un détour nécessaire à l'atteinte de la satisfaction. Lorsqu'elle est réussie, elle permet à la relation de rester vivante et de durer davantage, mais c'est la satisfaction qui en est le moteur.
Partenaires ou adversaires
Dans une activité sportive, les personnes impliquées peuvent être tantôt des partenaires qui s'appuient mutuellement et tantôt des adversaires qui s'affrontent directement.
Mais qu'elles soient dans l'un ou l'autre de ces rôles, elles demeurent des partenaires mutuellement nécessaires à la satisfaction de l'autre.
Sans mon adversaire, un match de tennis est impossible. Si mon adversaire ne se donne pas suffisamment la peine de jouer, mon plaisir est éliminé. Si mon amie qui m'accompagne en ski n'est pas assez habile ou est blessée, c'est ma satisfaction qui est diminuée.
Dans la relation amoureuse, on est tantôt en collaboration et tantôt en compétition.
Mais qu'on soit dans l'un ou l'autre de ces pôles, on demeure partenaire et solidaire de l'autre.
Par exemple, lorsqu'une compagne me confronte, elle le fait d'abord pour améliorer sa satisfaction en obtenant ce qu'elle attend de moi.
Mais elle ne peut ignorer mes besoins et ma satisfaction sans nuire à la sienne.
Si elle obtient que je me sacrifie, elle devra tôt ou tard en payer le prix par une compensation ou un sacrifice, sinon par un conflit stérile ou un éloignement plus ou moins imperceptible.
Il n'y a jamais un seul gagnant dans une relation amoureuse. Ou bien il y a deux gagnants, ou bien il y a deux perdants.
Le gagnant solitaire n'est qu'en sursis : il est déjà perdant mais sa défaite est encore invisible. En fait. C’est toujours la relation qui est le véritable enjeu. C'est pourquoi dans cette joute, la victoire de l'adversaire est aussi importante que notre propre victoire.
Souvent, lorsque le couple amoureux se trouve en situation de collaboration active, c'est face à un adversaire commun.
On fait équipe devant une situation professionnelle ou financière difficile, devant une maladie grave, devant un collègue hostile, devant un décès soudain, etc. Les liens se resserrent alors grâce à notre désir commun de faire face aux circonstances difficiles imposées par la situation.
Ces façons de réagir sont l'indice d'une relation forte; les mêmes situations peuvent facilement devenir des sujets de discorde et détruire un couple dont les assises étaient relativement fragiles.
Mais elles sont aussi un piège car elles peuvent faire illusion et empêcher la résolution de problèmes graves.
Si nous avons besoin d'un ennemi commun ou de problèmes graves pour nous rapprocher, nous sommes dans une situation périlleuse.
Non seulement sommes-nous complices pour multiplier les situations conflictuelles ou pénibles, mais en plus ces conflits détournent notre attention des problèmes qui se développent entre nous.
Et il sera probablement trop tard pour les résoudre quand nous y ferons enfin face.
Parfois, ce sont les projets qui jouent le même rôle.
Plutôt que de faire face à la difficulté de vivre ensemble, les conjoints entreprennent une tâche importante ou exigeante. Le résultat est le même : l'amélioration de la relation n'est qu'apparente et les problèmes resurgissent, encore plus graves, dès la fin de l'aventure.
Les exemples sont classiques : le couple qui fait un enfant, achète une maison ou démarre une entreprise familiale dans l'espoir de se rapprocher sans avoir à résoudre les vrais problèmes qui les éloignent.
Le divorce n'est pas évité, mais il est rendu encore plus difficile et complexe à cause de cette tentative maladroite.
Les moments de collaboration active axés seulement sur le plaisir et la satisfaction sont donc particulièrement importants.
Ce sont eux qui servent à nous développer individuellement tout en renforçant la relation.
Les relations sexuelles font normalement partie de ces moments, mais elles ne sont pas seules.
La préparation d'un repas, la planification des vacances, la décoration de la maison, la planification du développement professionnel des conjoints, les activités de création et plusieurs autres sont autant d'occasions favorables.
Et il ne faut surtout pas oublier les multiples occasions où on peut échanger ensemble sur nos intérêts et nos préoccupations individuelles autant que communes.
Mais il ne faut pas oublier que les moments de confrontation sont tout aussi nécessaires.
Ils servent à rétablir l'équilibre lorsque les besoins de l'un ou l'autre se trouvent négligés.
Et cette situation se produit fréquemment, quels que soient les efforts de collaboration des partenaires, parce que deux êtres distincts ont nécessairement des besoins différents qui apparaissent à des moments différents. La satisfaction de l'un ne répond pas nécessairement aux besoins de l'autre.
C'est donc la capacité de passer facilement et rapidement de la collaboration à la compétition qui est la meilleure garantie de succès.
Le fait de savoir devenir partenaire ou adversaire selon les situations permet de rétablir continuellement l'équilibre.
Rapprochement-Eloignement
Une autre dimension est très importante dans la relation amoureuse : la mobilité qui permet le contact intense.
Ces contacts supposent un rapprochement rapide à partir d'une certaine distance. L'intensité est en partie le résultat de la distance au point de départ.
Dans la relation amoureuse, l'intensité du contact est également favorisée par un rapprochement rapide.
Mais le rapprochement n'est possible que si on est d'abord éloigné. Bien des couples condamnent leur relation à dépérir parce qu'ils veulent éviter cette réalité. Par exemple, elle évite de se rapprocher de peur de devenir dépendante.
Ou il diminue volontairement l'intensité de son expression. C'est également ce qu'ils font lorsqu'ils évitent systématiquement tout éloignement, tout désaccord, tout conflit.
À l'inverse, tous les couples sont familiers avec le fait que les relations sexuelles les plus profondément et intensément satisfaisantes surviennent souvent après une violente chicane et une confrontation intense !
Ce n'est pas un hasard !
Sans ces contacts intenses ou même violents, la relation en vient nécessairement à dépérir.
Elle manque de nourriture émotive et de possibilité de résoudre les problèmes si on évite les confrontations intenses.
Elle étouffe si on évite tout retrait des partenaires.
Postface
Cet publication est longue et si vous êtes là au bout, je vous en remercie, et de tout cœur, moi qui vis le bonheur à 99 % avec la femme de ma vie...
Ces "choses" sont plus compliquées et plus confondiantes que l'harmonie des sphères...et, souvent un couple heureux !