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13 Juin 2012
L’Hôpital CAROLINE, Histoire d’un site protégé…
Vers 1820, les ports de la Méditerranée doivent faire face à une épidémie de fièvre jaune, maladie peu connue qui risque de paralyser le commerce, notamment celui du Port de Marseille.
Depuis le XVIe siècle, les îles du Frioul sont le cœur de la ceinture sanitaire qui protège la ville. En 19821, l’état ordonne la construction de la Digue Berry, reliant Pommègues à Ratonneau, afin d’inaugurer un nouveau bassin de "quarantaine", le port de Dieudonné. En 1822, un établissement sanitaire est commandé à Michel-Robert Penchaud (1772-1833), architecte de la Ville de Marseille et du Département des Bouches-du-Rhône.
Michel-Robert Penchaud sera le concepteur de l’Hôpital Caroline, inauguré en 1828, nommé Caroline en hommage à Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, princesse des Deux-Siciles, épouse du Duc de Berry. L’Hôpital Caroline peut être considéré comme le chef d’œuvre de Penchaud car il y réalise une synthèse architecturale de plus de mille ans d’histoire de l’architecture, un bâtiment éminemment politique : « un…lazaret universel…un lieu d’asile accessible en temps de paix comme en temps de guerre, en cas de contagion, aux marins de toutes les nations, un établissement religieux, civile et politique à la fois. »
La construction répondait à plusieurs
préoccupations des services sanitaires : nécessité d'avoir un lieu aéré, car on compte sur le vent pour chasser les miasmes de la
maladie à proximité de la mer pour faciliter les communications, et permettre de pomper l'eau dont on a besoin
pour laver les sols, isolement strict, pour la quarantaine, facilité de garde et de
surveillance.
Le projet exécuté à partir de 1823 peut abriter 48 malades et 24 convalescents. Tous sont cantonnés dans des quartiers distincts, isolés entre eux, coupés de l'extérieur par une enceinte.
Au centre du dispositif, la capitainerie est le lieu d'où l'on peut tout voir, se rendre partout. À mi-chemin entre malades et convalescents, la chapelle
visible de tous prend la forme d'un temple grec.
Parties vitrées entre les colonnes, permettant aux malades d'assister aux offices depuis les fenêtres des dortoirs, son podium sert de sas pour entreposer matériel et médicaments nécessaires aux malades.
L'architecture est en parfaite adéquation avec l'usage qui doit en être fait, et les bâtiments construits avec la plus stricte économie.
On trouve donc, partout répété, un module de base à réaliser avec des éléments calibrés, que l'on a pu produire en série.
Les conditions de navigation moderne ont fait rapidement paraître obsolète le nouveau lazaret comme instrument de quarantaine, en même temps que le débat scientifique autour des épidémies faisait évoluer le comportement des médecins envers les malades.
L'hôpital Caroline a surtout servi aux militaires malades de retour d'Afrique, ou de Crimée.
Transformé en 1850 par l'architecte Vaucher, il forme avec le port de Pomègues et celui du Frioul, le complexe du "Lazaret des îles", considéré comme le plus vaste et le meilleur de
Méditerranée.
L'hôpital est utilisé jusqu'en 1941, lors d'une épidémie de typhus dans les prisons.
Il est détruit par les bombardements aériens à la libération de Marseille en août 1944, et abandonné, jusqu'à l'acquisition des îles par la Ville de Marseille en 1971.
Les Nuits de Caroline ont été créées
En 1978, Jean BRIAND fonde l’Association Caroline pour le renouveau et l’animation de l’Hôpital Caroline, qui devient plus tard l’Association Caroline pour le renouveau et l’animation du Lazaret des Îles, afin de sauver le site de l’abandon.
En 1980, l’Hôpital Caroline est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Maintenant sont organisés des chantiers d’insertion professionnelle pour la restauration de patrimoine.
Le projet actuel concerne la reconstruction du pavillon du « Chevalier Roze ». Le Chevalier Roze, de son nom Nicolas Roze (né en 1675 et décédé en 1733 à Marseille) fut un des nobles qui s'était particulièrement distingué en 1720 lors de la peste à Marseille.
Aujourd’hui, l’association poursuit son double objectif d’animation sociale et culturelle : la rénovation et la réhabilitation du site sont assurés par un chantier d’insertion et, en période estivale, par des bénévoles (chantier de jeunes adolescents avec la Fédération Rempart).
L’une des priorités de l’Association Caroline est d’œuvrer à la valorisation du Patrimoine, en organisant des visites commentées du site et des Îles du Frioul, sur le thème de « l’Histoire sanitaire des Îles de Marseille ». Elle est à son initiative en l’an 2000, accompagnées depuis 2002 par des résidences d’artistes (plasticiens, danseurs, musiciens…)
Désormais, le site Caroline sur l’archipel du Frioul est un projet porté par la Ville de Marseille pour faire revivre ce monument historique qui a désormais trouvé sa vocation.
Lieu magique, en plein cœur de la rade de Marseille et du Parc National des Calanques, l'Hôpital Caroline est donc établi sur un terrain d'un
hectare, composé de 11 bâtiments d'une surface totale de 3 500 m².
(Six de ces bâtiments sont en ruine : les conséquences des bombardements des alliés en 1944 ont été aggravées par des conditions environnementales très corrosives.)
Les « convois » touristiques
Trois petits trains touristiques de couleurs blancs et bleus sillonnent certains secteurs de Marseille. Une manière insolite et pleine de charme de découvrir Marseille, du Vieux-Port à Notre Dame de la Garde, en passant par les vieilles ruelles du Panier. En juillet et août, le petit train du Frioul relie le port du Frioul à l'Hôpital Caroline.
Les navettes sur mer relient le port du Frioul à l'Hôpital Caroline.