22 Avril 2016
L'impression de vitesse, ca se ressent...
Comment le temps pourrait-il passer plus vite ? La terre aurait-elle accéléré le rythme de sa rotation ?
Non, bien sur, il ne s’agit que d’une perception. Or, la vision occidentale, linéaire, différente de celle, cyclique, des « extrêmes orientaux » a considérablement changé au fil de des siècles…
Nos vies, coincées entre le jour de notre naissance et celui de notre mort, sont elles-mêmes insérées dans un laps de temps qui va de la création à l’apocalypse.
Tout est bien délimité et comme nous sommes convaincus (très majoritairement) que cette éphémère période ne se reproduira plus – hypothèse d’école donc – nous accordons à notre vie une valeur inestimable.
"En un mot", cette vie à laquelle nous tenons tant, s’écoule de jour en jour !
Sans espoir de retour et à un rythme qui semble trop souvent s’emballer en une valse endiablée et incontrôlable.
Mais il me semble que c’est précisément parce que nous, les humains, nous sommes acharnés à le contrôler, que le temps « farceur » nous échappe de plus en plus…
Fragmentée en une kyrielle de petits moments successifs, notre existence perd de sa continuité, n’est plus un flux paisible mais une interminable succession de moments collés les uns aux autres.
Nos journées sont ponctuées par des impératifs horaires continuels et nous avons quasiment et en permanence devant les yeux l’indication de l’heure : horloge, montres, ordinateurs, portables… avec lesquels nous pouvons de surcroît joindre nos proches 24 heures sur 24, ce qui provoque chez chacun de nous une gamme étendue d’émotions désagréables, allant de l’agacement à la panique, si ceux-ci ne réagissent pas immédiatement à notre appel.
L’heure est partout, impossible d’y échapper.
Elle nous poursuit, nous traque et nous stresse sans cesse.
Elle nous tient en esclavage ! La vitesse fait l’objet d’un véritable et absurde culte, jusqu’à mesurer les exploits sportifs en dixièmes et/ou centièmes même de secondes !!!
Mais qu’est donc un dixième de seconde dans une vie qui peut en compter 2.208.984.820 entières ???
Cet insensé engouement du toujours plus vite se retrouve dans une infinité d’autres domaines dont bien sur le travail. L’être humain doit être rapide, efficace, performant, malléable et corvéable à merci. Il est prié de ne pas plus s’appesantir sur son passé que sur son avenir…
Ancré dans l’immédiateté, l’homme en oublie, ou plutôt on ne lui laisse pas le temps de regarder autour de lui.
Et, quand parfois dans un instant de lucidité, son regard se pose sur la vie, il réalise que le temps lui a filé entre les doigts comme l’eau du ruisseau où il trempait ses mains enfantines, il y a si longtemps…
Par leur rapidité, les avalanches d’images d’actualités, à laquelle nous sommes continuellement soumis ne nous permettent pas le moindre recul indispensable à l’analyse.
Nous subissons, inertes et dépassés, les pires scènes d’horreur et d’incivilité, en ne retenant qu’une émotion superficielle, souvent oubliée mais qui fragilise chaque jour un peu plus notre raison.
Coupés de la nature et de ses rythmes, nous n’hésitons pas à nous lamenter quand il neige en janvier ou quand il fait chaud en août.
Incapables d’attendre que la terre nous offre les fruits et les légumes de saison, nous exigeons des tomates en hiver, sans nous soucier ni de la façon dont elles seront cultivées, ni de la longueur du parcours qu’elles devront parcourir pour parvenir dans notre cuisine.
Terrorisés à l’idée de perdre un temps dont nous avons de toute façon perdu le sens, nous empruntons pour nous déplacer, même pour nos loisirs, les moyens les plus rapides.
L’usage de l’automobile a connu ces cinquante dernières années une expansion faramineuse et destructrice.
Source de pollution, dévoreuse d’énergie, des sociétés plus sages l’auraient éliminée depuis longtemps !
Mais, non bien au contraire aujourd’hui, nous vouons à la voiture une passion indéfectible, jalouse et névrotique.
Pourtant non seulement on peut vivre sans, mais l’éliminer de notre mode de vie pourrait peut-être contribuer à sauver nos vies et la terre ainsi que le temps que nous ne voyons plus passer, celui qui galope et nous emporte… (Transports en communs, vélolib, covoiturage, troc…)
A l’aube des grands changements que l’humanité devra accomplir pour continuer à exister sur notre planète, nous devons impérativement réapprendre à vivre différemment, en suivant les rythmes des saisons, des cultures.
Nous libérer du temps…
Il n’y pas d’enthousiasme sans sagesse, ni de sagesse sans générosité.
La patience vient à bout de tout.
Elle use les cœurs et les volontés malades, xénophobes, racistes avoués sans honte, populistes, dangeureux, et plus surement que l’eau et la pierre.