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ANDREBIO

05/02/2016 15:46

A quoi sert l'Internet ??? A part à aller sur l'Internet... !!!

A quoi sert l'Internet ??? A part à aller sur l'Internet... !!!

internet-marketing.jpg

Ouvrez un blog que diable !

Dès que l'on ouvre un blog ou un site Internet, on serait bien inspiré de se poser la question de ce que la loi autorise d'y exprimer ou non, de l'endroit où se situe la ligne jaune, et des risques que l'on encourt si jamais on la franchit.

Touche-Enter.png

Pour une première vision d'ensemble de la question, les principales règles applicables en la matière sont à priori claires, notamment en matière de diffamation ou d'injures, accusation qui risque de nous tomber sur la tête dès que l'on envisage d'exprimer une opinion « tranchée » susceptible de déplaire à quelqu'un.

Cette lecture faite, on saura qu'il convient de se montrer prudent, et de tourner sept fois la touche (Enter) sous son médius avant de l'appuyer, stoïque mais allègrement.

Certes, il est normal que la loi impose ses limites à la liberté d'expression, qui doit nécessairement s'arrêter là où commenceraient les nuisances causées à autrui.

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Toutefois, cette évidence incontestable masque des problèmes de fond, qui sont l'objet de cette publication.

Le premier de ces problèmes est celui de la transformation rapide de notre société, et de la dissolution partielle de la limite entre la sphère publique et la sphère privée qui en découle.

Ce problème est particulièrement mis en évidence par les spécificités du média Internet, qui, par le biais des blogs, forums de discussions ou simples pages perso met à la disposition de tout un chacun un moyen d'expression nouveau.

Il y a encore quelques dizaines d'années, il y avait un bistrot au pied de chaque immeuble ou presque.

Dans ce bistrot se tenaient chaque soir, selon la plus ancienne tradition, des conversations de Café du Commerce.

Toutefois, cette évidence incontestable masque des problèmes de fond, qui sont l'objet de cette publication.

Le premier de ces problèmes est celui de la transformation rapide de notre société, et de la dissolution partielle de la limite entre la sphère publique et la sphère privée qui en découle.

Ce problème est particulièrement mis en évidence par les spécificités du média Internet, qui, par le biais des blogs, forums de discussions ou simples pages perso met à la disposition de tout un chacun un moyen d'expression nouveau.

Il y a encore quelques dizaines d'années, il y avait un bistrot au pied de chaque immeuble ou presque.

Dans ce bistrot se tenaient chaque soir, selon la plus ancienne tradition, des conversations de Café du Commerce.

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Ces conversations n'étaient pas toujours aussi tempérées que le politiquement correct aujourd'hui en vigueur l'exige, et on y entendait bien souvent des expressions évidemment excessives : « Machin est un fâââchiste ! », « Ce connard de Villarko... », ou « La sécu c'est qu'un tas de glands », « la femme au volant c'est la mort au tournant », « La Société Truc-chose c'est rien que des escrocs, des voleurs !! », « Faudrait y foutre une bombe ! », « Ben t'as qu'a pas le déclarer ! », « les grévistes sont cons comme des balais ! », « la prof ‘d’anglais est une pouffiasse ! », etc, etc.

Chacune de ces paroles, on s'en doute, tombe sous le coup de la loi, que ce soit pour injures, diffamation, propos racistes ou sexistes, ou incitation à la commission de crimes ou de délits.

Terrorisme, pourquoi pas ?

Mais, jamais au grand jamais, les auteurs de ces propos n'ont été inquiétés, traînés en justice ou jetés au cachot pour autant - du moins tant que le bistrot en question n'était pas considéré comme un véritable repaire de terroristes ou de délinquants.

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Ces propos étaient tenus dans un cadre, sinon privé, du moins restreint, et étaient tolérés, d'abord en tant qu'exutoire - on sait bien que les propos extrêmes sont rarement à prendre au premier degré, mais ça soulage... - et ensuite parce qu'il aurait été impossible de coller un flic derrière chaque comptoir, prêt à verbaliser au moindre écart de langage.

Du coup, tout ceci était toléré de fait, et considéré comme un défoulement ordinaire sans conséquence, si ce n'est, probablement, la conséquence très positive de faire baisser la pression, car il est bien connu que le fait de pouvoir exprimer sa hargne ou son mécontentement calme, détend, et permet souvent d'éviter que les choses n'aillent plus loin.

De même, et a fortiori, les propos tenus par chacun dans le cadre familial ou dans un lieu privé - avec les copains invités à bouffer - échappent légitimement à toute censure et à toute sanction, et on peut à loisir exprimer sa profonde pensée en disant que « l'équipe de foot machin, c'est rien que des branleurs dopés et qu'en plus ils achètent le résultat des matches ».

Gageons que des propos aussi répréhensibles, il s'en échange chaque jour des millions, à chaque table familiale, à chaque comptoir, ou à la machine à café de chaque bureau.

terrorisme-judiciaire.jpg

Certes, si de tels propos avaient été publiés, leur auteur aurait encouru les foudres de la justice, mais voilà, ils ne l'étaient pas.

Parce que, jusqu'à très récemment, les moyens de publication (qui n'était qu'une diffusion) n'étaient accessibles qu'à des professionnels, et que ces professionnels, outre qu'ils se comportaient en professionnels, avaient une parfaite connaissance des limites (c'est leur métier), bien souvent un statut leur accordant une protection particulière (journalistes).

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En cas de problème, le moyen et l'habitude de recourir à des avocats, et, le plus souvent, les moyens financiers de faire face à un procès et d'en assumer les éventuelles conséquences. 

La plupart des bistrots-en-bas-de-chez-moi ont fermé, notre mode de vie nous éloigne de plus en plus souvent géographiquement de notre famille ou de nos amis, les grandes villes sont anonymes comme chacun sait, et plus de huit millions de personnes vivent seules chez elles. Avec leur téléviseur !

Arrive Internet, ses forums et ses blogs. Un moyen d'expression absolument inouï, d'une puissance inconcevable, qui permet non plus à un tout petit nombre, mais à tout-un-chacun, de s'exprimer largement. 

CommunityManagement.png

On peut s'exprimer, et sans le filtre d'un éditeur ou d'un rédac’chef, sans non plus l'éventuel conseil d'un cabinet juridique.

On s'y exprime directement, immédiatement, sans souvent beaucoup de temps de réflexion, et avec les excès possibles qu'entraîne la spontanéité, surtout quand nombre d'utilisateurs sont très jeunes, et n'ont ni le background juridique et professionnel, ni la maturité d'un écrivain ou d'un éditorialiste confirmé.

Il se forme des communautés virtuelles, basées sur les affinités ou les centres d'intérêt communs, où la distance physique n'existe plus, où le délai de transmission n'existe pas non plus.

Certes, techniquement, ce qu'écrit chacun est accessible à tous, mais, en pratique, il ne sera le plus souvent lu que par un cercle restreint d'amis réels ou virtuels, de personnes partageant les mêmes centres d'intérêt, la même sensibilité ou les mêmes opinions.

Tout ceci dans une communauté virtuelle !

Café du Commerce géant, un Café du Commerce planétaire, comme l'avaient si bien pressenti ses pionniers qui parlaient, eux, de village planétaire.
forums-de-discussions.jpg

A un détail près. Mais il est de taille !!!

Tout ce qui se dit ici, du moment que c'est publiquement accessible, tombe dans le domaine des lois régissant l'expression publique. En dehors de l'e-mail personnel et des espaces clos, tout ce qui est écrit ici est considéré comme publié.

Et la législation que l'on applique alors ne peut que résulter en injustice, châtiments excessifs, et limitation de la liberté d'expression.

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Gageons que quiconque simple particulier, qui tient un blog pendant assez longtemps, surtout si ce blog est un blog d'opinion, militant, politique ou que sais-je, quiconque finira un jour par trébucher sur la ligne jaune du là-il-est-allé-trop-loin, et par encourir les foudres, soit de la justice, soit d'une sanction scolaire ou professionnelle.

Le deuxième des problèmes que je vois poindre est celui de l'automatisation des recherches d'infractions.

avocats.jpg

Car, si les propos tenus au Café du Commerce ont une portée acoustiquement limitée, et s'ils s'évaporent plus vite que l'odeur de la bière, les propos tenus sur Internet peuvent facilement être surveillés par le simple usage des moteurs de recherche, ou de robots spécialisés.

Si donc un propos jugé « répréhensible » est tenu, on peut imaginer que, du fait de ces facilités techniques, leur auteur a bien plus de (mal-)chances que dans la vraie vie de voir ce propos lui retomber sur le coin de la figure avec le plus bel effet boomerang.

Ce qui nous amène au quatrième risque potentiel.

Celui d'une forme de terrorisme judiciaire, ou la vieille histoire du pot de terre contre le pot de fer…

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On peut en effet imaginer que certaines entreprises, ou toute « personne morale » suffisamment puissante, se jugeant offensée en quoi que ce soit par un quelconque propos tenu sur Internet, n'hésitera pas à brandir haut et fort le bras armé de la justice pour écraser l'imprudent moustique.

Même si elle est sûre de perdre au bout du compte - et encore, sait-on jamais ? -, une telle Entreprise fera probablement de gros dégâts sur la pauvre petite personne physique qu'elle aura prise pour cible.

Le pauvre bougre attaqué aura été bien essoré quand même et jurera, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendra plus.

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Toutes ces réflexions me donnent à penser que, si le législateur souhaite maintenir la liberté d'expression des citoyens de l'ère numérique au niveau que l'on est en droit d'attendre dans une démocratie (et j'espère qu'il ne souhaite pas le contraire...), il devrait sérieusement se pencher sur une adaptation des lois en vigueur pour tout ce qui concerne l'expression publique des particuliers.

Il me semble par exemple que la liberté d'expression d'opinions devrait être garantie par des textes, au-delà de ce qui existe actuellement, et en particulier pour ce qui concerne les délits de diffamation et d'injures envers des personnes morales (qui, généralement, n'en souffrent guère...) ou envers des personnages publics, élus ou membres du gouvernement (qui, bien souvent, sont en bonne position pour recevoir œufs et tomates, et qui ne les ont pas toujours  volées...).

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Certes, on peut désapprouver de tels propos et les juger excessifs, mais la possibilité de tenir des propos excessifs fait partie intégrante de la liberté d'expression.

Comme les dessins et caricatures.

Si celle-ci se trouve trop sévèrement bornée par la rigueur de la loi, beaucoup seront lourdement condamnés pour de simples peccadilles, et le risque est grand que les autres, s'en tenant à une prudente autocensure, évitent à l'avenir de parler des choses qui fâchent...

Le succès arrive toujours en privé, l’erreur est toujours commise en public..

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C
<br /> La liberté d'expression est la première des libertés, et la liberté le premier des droits de l'homme. Le principe d'attribution des droits est l'égalité ; la liberté d'expression doit donc valoir<br /> pour tous et pour tous les sujets ; à défaut, ce ne serait qu'un privilège.<br /> <br /> La notion de "propos discriminatoires" envers une catégorie sociale est contraire à la liberté d'expression et nuisible à la qualité du débat public.<br /> <br /> <br />
Répondre
I
<br /> <br /> Quan on pense aux dégats de la "pensée unique" on comprend la force de l'intervention ici par ce commentaire<br /> éclairé. Merci ANDRE<br /> <br /> <br /> <br />