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2 Mai 2012
Zen, kabbale, soufisme
L'extase est un des thèmes essentiels de la philosophie. L'extase sous sa forme absolue et mystique, l'extase qui modifie toutes les sensations du corps et de l'esprit.
Ce type de sensation, la plupart du temps est recherché par l'individu. Il l'a recherche parce qu'elle préfigure pour lui, l'union mystique avec le divin. Cette quête est difficile. Il faut un engagement profond et déterminé pour la mener à bien. Chaque communauté, chaque groupe spirituel, a découvert ses propres techniques pour y parvenir et les a poussés à leur summum. L'hindouisme (nirvana), le bouddhisme, le taôisme, le zen ont leurs procédés. Le judaïsme, l'islam, le christianisme, ont les leurs également.
(Pour la kabbale par exemple, c'est grâce à sa compréhension et la perception profonde des lettres, qu'on peut remonter vers le monde supérieur et atteindre la béatitude, où l'union mystique avec Dieu (la devekout), Joseph Cohen exprime : « L'écriture hébraïque, son origine, son évolution et ses secrets ».
La recherche de la « fusion en Dieu », occupe l'humanité depuis la naissance des
grandes religions.
De formidables éclaireurs, courageux et intègres en ont fait l'expérience pour la communauté humaine. La profondeur, le nombre et la récurrence des témoignages, les rendent absolument crédibles.
C'est pourquoi le mépris du monde actuel envers ces expériences sincères, paraissent bien puérils. Les railleries des « branchés de services » à l'encontre de ce monde spirituel, semblent parfaitement infantiles et insensés. La puissance de la recherche spirituelle dépassera ces années d'hyper consommation. La beauté des découvertes des grands mystiques refera naturellement surface après ce grand moment d'absurdité. Un moment d'absurdité nécessaire pour concrétiser la mondialisation, mais qu'il faut regarder avec lucidité.
Le fonds de l'extase
La position extatique se caractérise par quelques marques bien précises.
Quant l'être humain parvient à positionner son esprit « antérieurement à toute détermination de lui-même par lui-même, hors de tout signe, concept, jugement et choses pensées à propos de l'existence, mais n'étant pas de « l'existence» (selon la définition proposée par l'existentialisme), il serait en état d'extase (?)...
C'est peut-être ce que Jaspers appelle « prédéterminisme transcendantal » et Bergson : « donnée immédiate ».
Karl Jaspers est né d'un père juriste et d'une mère travaillant dans une coopérative agricole. Jaspers montre un intérêt précoce pour la philosophie, bien que le parcours paternel au sein du système judiciaire l'ait sans doute poussé à étudier le Droit lors de son entrée à l'université. Il fut cependant rapidement évident pour lui que le droit n'était pas la bonne voie, ce qui le poussa à entamer des études médicales en 1902.
Jaspers obtint son doctorat en médecine en 1909 et commença à travailler dans un hôpital psychiatrique de Heidelberg, où Emil Kraepelina avait lui-même exercé quelques années auparavant. Jaspers ne se satisfit pas de la façon dont la communauté médicale de l'époque approchait la maladie mentale et tâcha d'améliorer cette approche. En 1913, il reçoit un poste temporaire de professeur de psychologie à l’Université d’Heidelberg. Ce poste devint rapidement permanent, ce qui lui permit de ne jamais reprendre son activité clinique.
À l'âge de 40 ans, Jaspers se tourne vers la philosophie, explorant les thèmes qu'il avait entamés durant son activité de psychiatre. Il devint un philosophe renommé, respecté et reconnu à travers l'Europe et demeura influent au sein de la communauté philosophique jusqu'à son décès en 1969. Trois événements ont marqué sa vie. La maladie : à 18 ans, il est condamné à mourir avant 30 ans. Son mariage avec une juive, Gertrud Mayer. Avec l’avènement du Parti National Socialiste, il sera privé de sa chaire par les nazis. Ces expériences de situation limites et de découverte de l'autre vont profondément influencer sa réflexion philosophique.
Il s'agit d'abolir la distinction du sujet et de l'objet.
De communier par cette indétermination, avec la conscience de l'univers, accéder à cet état ou l'individu fait bloc avec le tout écrit encore Jaspers.
Les expériences mystiques désignent un mode de connaissance expérimentale et concrète de l'absolu.
Toutes les religions, les spiritualités et les philosophies traitant des états extatiques décrivent des phénomènes
similaires. Elles parlent de paix intérieure, d'équilibre, de joie intense, de plénitude. Les mots pour décrire les sensations ressenties sont également du même registre. Il est question de
contact, de présence, de fusion etc.
Les moyens d'y parvenir sont de deux sortes...
Par l'ascèse, la discipline, la volonté. Ces forces parviennent alors à anéantir l'ego.
Elles conduisent l'homme au renoncement nécessaire pour devenir le maître de ses affects et de ses pulsions. Par « accident » pour ainsi dire. Et ces « événements » sont alors nommés suivant les convictions de l'observateur…