05/02/2016 15:46
21 Février 2016
Le coefficient d’adversité que nous rencontrons dans le monde serait-il proportionnel à l’affirmation de l’ego ?
Devons-nous penser que le sens de l’ego est fort ! Et plus le sens de l’adversité est virulent ?
Cela voudrait dire, à l’inverse, que plus le sens de l’ego est faible, moins il y a de perception d’un l’affrontement avec le réel.
A la limite, si le mur de la séparation immanent à la structure de l’ego venait à se dissoudre, serions-nous encore en droit de parler d’adversité comme nous le faisons d’ordinaire ?
Comment comprendre qu’un simple changement de conscience puisse transformer l’adversité en félicité ?
L’idée de coefficient d’adversité apparaît en effet L’Etre et le Néant est construit sur deux présupposés : dans un classique de la philosophie contemporaine chez Sartre, en effet L’Etre et le Néant est construit sur deux présupposés :
L’ego est un vouloir surgissant dans le monde sans autre loi que la gratuité de sa liberté.
D’un autre côté, le monde surgit lui aussi dans l’existence, mais sans rime ni raison, dans une absurdité foncière.
L’homme doit donc rencontrer une résistance hors de lui et même se prévaloir de ne pas l’avoir créé. Cependant, c’est dans son effet à rencontrer cette existence massive qu’il donne un sens à l’obstacle.
Ainsi, « la réalité humaine rencontre partout des résistances et des obstacles qu'elle n'a pas créés.
Mais ces résistances et ces obstacles n'ont de sens que dans et par un libre choix que la réalité humaine est ».
Si l’existence est cette masse noueuse de la racine de marronnier, ce qui est jeté-là sous la forme des choses et des êtres et « poisse comme de la confiture », je n’ai pas à revendiquer une quelconque responsabilité quant à cette existence que je rencontre.
Ma condition d’ego dans le monde est celle de la déréliction (état d’abandon de la morale et de sa solitude complète : je suis jeté-là, sans savoir pourquoi, sans raison, sans mode d’emploi de ma propre vie.
Comme une chose parmi les choses. Le monde lui aussi est jeté-là sans raison dans son mutisme absurde d’existant.
Ma liberté est un effort pour engager une route dans cette pâte d’existence, en la marquant de la trace de mon (ou mes ?) projet(s).
Nous voyons donc que la conscience de l’ego ainsi décrite, repose sur la dualité intentionnelle sujet/objet, prise au sens fort. Sartre s’inscrit plutôt dans la lignée de l’idéalisme qui a développé la logique de l’affirmation de l’ego.
Le « moi » s’identifie à sa liberté, la revendique pour-soi.
Mais cette liberté du moi serait vide si elle ne rencontrait pas un non-moi, l’existence massive du monde, l’en-soi. Cependant, l’ego ne se mettra jamais sur le même plan que le monde.
Il a bien conscience d’être une subjectivité irréductible et personnelle.
C’est pour moi que le monde existe, c’est pour moi qu’il prend un sens, c’est par moi qu’il est transformé.
Aussi, le coefficient d’adversité que le monde m’oppose est relatif à mon effort pour le conquérir.
C'est seulement dans et par le libre surgissement d'une liberté que le monde développe et révèle les résistances qui peuvent rendre la fin projetée irréalisable.
L'homme ne rencontre d'obstacle que dans le champ de sa liberté.
Mieux encore: il est impossible de décréter à priori ce qui revient à l'existant brut et à sa liberté dans le caractère d'obstacle de tel existant particulier.
Ce qui est obstacle pour moi, en effet, ne le sera pas pour un autre.
Il n'y a pas d'obstacle absolu, mais l'obstacle révèle son coefficient d’adversité à travers les techniques librement inventées, librement acquises.
Que le sens de l’adversité soit ici relatif à la conscience de l’ego, cela ne fait aucun doute.
Cela nous est amplement montré d’abord dans la présence de l’effort, l’énergie de la volonté face à l’obstacle à vaincre, cette énergie qui est celle de l’ego.
Le sens du moi n’existe que par rapport à un autre moi.
Il ne saurait, dans l’expérience de l’adversité rencontrée par l’ego, y avoir une véritable autoréférence : un « autre » est convoqué dans une comparaison...
Si je ne suis pas moi-même, qui le sera pour moi ?
Et si je ne vis pas pour moi-même, qui vaudra pour moi ?