16 Février 2016
Au niveau de la vie courante, l'optimiste est naturellement disposé à être content de tout.
Tout ce qui arrive est pour lui, par définition, "bien", même si c’est une souffrance... L’optimiste, c’est celui pour qui "tout est bien dans le meilleur des mondes".
Si on a une telle attitude, c’est en général en raison du fait qu’on croit que le monde est ordonné, que les parties ne peuvent rien dire sur le tout.
D’ailleurs, l’optimiste est celui qui adhère au système selon lequel tout est beau et bien et bon dans le meilleur des mondes.
On devine tout de suite pourquoi l’optimiste constitue une figure à s'en méfier : c’est qu’il peut, par exemple au niveau politique, s’opposer à toute réforme.
Par exemple, le libéral est un optimiste, il croit que le marché s’autorégule tout seul, et que donc, tout va finir par s’arranger sans qu’on ait besoin d’intervenir : il faut laisser-faire…
Ou encore, l’optimiste pourra laisser être la souffrance du malheureux, puisqu’il ne peut qu’être stoïque dans ce qui arrive dans la vie de tous les jours.
Cela, évidemment, parce que l’univers est un tout, et au niveau du tout, la souffrance s’annule, ou bien lui profite, etc.
On comprend donc que le fait que l’optimiste soit considéré comme incorrigible, signifie à la fois le blâme, et la perplexité. Et que chercher les raisons pour lesquelles il se définit comme un optimiste invétéré pourra nous mener peut-être à surveiller les "rouages" de son attitude.
Si on le dit incorrigible, est-ce parce qu’ilrelève de l’irrationnel, et est par définition inaccessible à toute argumentation ? Ou bien est-ce parce qu’il est dogmatique, inattaquable, irréfutable ?
Si l’optimiste trouve que tout est beau, et qu'croit que tout va l’être à l’avenir, c’est parce qu’il a confiance dans le cours des événements, qu’il voit les choses, la vie en général, à travers une certaine vision du monde.
Pour la même raison le pessimiste sera d’ailleurs, sans doute, dit incorrigible !
Car ce qui fait qu’on est content de tout ce qui arrive ou bien qu’on en est mécontent, c’est que l’on croit que le monde est un bel ordre, envisagé comme un tout, ou au contraire qu’il est par définition un non-ordre, un "chaos".
Il apparaît, de ce point de vue, que si l’optimiste est incorrigible, c’est bien parce qu’il a foi dans l’ordre général du monde, mais nous devons donner une autre raison de cette cause.
D’abord, le fait que ce qui explique son attitude soit une telle vision globale du monde, explique que l’optimiste, même quand il construit des systèmes, ou quand il argumente pour étayer son attitude, ne peut être "attaqué".
Arguer de l’ordre général du monde est une thèse tellement globale, qu’on ne voit pas comment, où repérer les erreurs éventuelles.
Et même, surtout, ce qui pourrait bien être une réfutation.
L’optimiste aura donc toujours réponse à tout, et rien ne pourrait le déstabioliser ?
L’atteindre ? Il ne pourra (jamais ?) être corrigé ?
De plus, qui nous dit, après tout, qu’il n’est pas dans le vrai ?
Nous sommes vraiment ici en présence de ces questions métaphysiques comme peut l’être par exemple celle de savoir si l’homme est bon ou mauvais.