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ANDREBIO

05/02/2016 15:46

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Leçon de force intérieure ou d’acceptation de la réalité ?

En tout homme il y a de la grandeur et nous savons tous ce que veut dire le mot adversité. Mais il importe de bien comprendre ce qu’il implique et ce qu’il décrit exactement.

Le premier point qu’il est important de comprendre, c’est que nous devons faire éclater la bulle onirique que la complaisance ambiante entretient.

Si vous ne voulez jamais rencontrer l’adversité, passez votre temps à dormir, droguez-vous et ne vous éveillez jamais !

Si nous voulons vivre éveillé, puissant de notre propre force et libre, acceptons par avance que la vie vous mette dans l’adversité et qu’il soit infantile ne serait-ce que l’oublier.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Nous devons assumer le qui-vive, la tension, l’urgence, la force de la vigilance. Vivre délibérément chaque situation et chaque instant.

C’est dans l’état de veille que l’existence humaine s’incarne. Le seul fait de fuir l’adversité ou de la refuser et cherchant en tout la facilité, nous priverait par avance de l’expérience de la vie. Dérobade dans les marges. Fuite.

Repli dans l’inconscience. Cela se comprend chez le tout petit qui se roule en boule devant la télévision en « suçant son pouce ». Mais tout de même, chez l’adulte, il doit y avoir la ressource et l’énergie de vivre en sachant rencontrer l’adversité.

Avant même d’être une question de projet, c’est d’abord une question de conscience, parce que la vigilance participe directement de l’opposition sujet/objet et de l’opposition sujet/sujet. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de possibilité de passer au-delà de cette dualité dans une lucidité plus élevée, mais du moins, tant qu’elle n’est pas assumée, la vigilance ne l’est pas non plus.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Une légende forte de sens :

« Le maître Zen Hakuin vivait dans une ville du Japon. On tenait en haute estime et bien des gens venaient l'écouter dispenser ses enseignements spirituels. Un jour, la fille adolescente de son voisin tomba enceinte. Les parents de cette dernière se mirent en colère et la réprimandèrent pour connaître l'identité du père. La jeune fille leur avoué finalement qu'il s'agissait d'Hakuin. Les parents en colère se précipitèrent chez lui et lui dirent ne hurlant que leur fille avait avoué qu'il était le père de l'enfant. Il se contenta de répondre : "Ah, bon?".

La rumeur du scandale se répandit dans la ville et au-delà. Le maître perdit sa réputation ne plus personne ne vint e voir. Mais cela ne le dérangea pas. Il resta impassible quand l'enfant vint au monde, les parents le menèrent à Hakuin en disant : "Vous êtes le père, alors occupez-vous-en !" Le maître prit grand soin de l'enfant. Un an plus tard, prise de remords, la jeune fille confessa à ses parents que le véritable père de l'enfant était le jeune homme qui travaillait chez le boucher. Alarmés et affligés, les parents se rendirent chez Hakuin pour lui faire des excuses et lui demander pardon. "Nous sommes réellement désolés. Nous sommes venus reprendre l'enfant. Notre fille a avoué que nous n'étiez pas le père". La seule chose qu'il dit en tendant le bébé aux parents fut : "ah, bon ? ".

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Le maître réagit de façon identique au mensonge et à la vérité, aux bonnes nouvelles et aux mauvaises nouvelles. Il permet à la forme que prend le moment, bonne ou mauvaise, d'être ce qu'elle est. Ainsi, il ne prend pas part au mélodrame humain. Pour lui, il n'y a que ce moment, ce moment tel qu'il est. Les événements ne sont pas personnalisés et il n'est la victime de personne. Il fait réellement un avec ce qui arrive et ce qui arrive n'a aucun pouvoir sur lui... Il a pris soin de l'enfant avec beaucoup d'amour. L'adversité se transforme en félicité grâce à son absence de résistance et répondant encore à ce que le moment présent exige de lui, il rend l'enfant quand c'est le moment de le faire ».

Imaginez un instant comment votre ego aurait réagi au cours de ces divers événements. Pour l’ego, pour la volonté, l’injustice est une très fine justification qui donne toutes les raisons de s’emporter avec violence, et du coup, l’adversité est constante et protéiforme.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

La vie est une lutte !

Cette formule est un slogan de l’ego. Nous voyons donc à quel point la notion d’adversité ne peut exister en soi. L’adversité n’existe pas dans les choses, elle n’est que dans la conscience des choses.

En effet, nous ne pouvons parler clairement d’adversité qu’en supposant que la fin poursuivie est moralement bonne.

Quand un groupe de soldats pénètre dans un village pour tuer femmes et enfants, nous n’utiliserons pas le terme « adversité » pour désigner la résistance rencontrée dans l’usage du napalm, du couteau, de la mitrailleuse ou de la baïonnette.

Nous avons besoin de pouvoir nous identifier à celui qui agit. C’est de l’intérieur que nous comprenons l’adversité qu’il a rencontré. Mais devant la barbarie et l’horreur – à moins d’être complètement fêlé – il n’y a pas d’identification.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Il est nécessaire que nous puissions adhérer à une valeur pour souligner le courage d’un homme qui a voulu la porter.

S’il n’y a pas de valeur, il n’y a pas de courage, mais une témérité fanatique et imbécile, une énergie morbide, un déchaînement du chaos ou une fête de la destruction. Nous pouvons souligner l’adversité rencontrée par un homme qui se bat pour la reconnaissance des torts subits par son peuple lors d’une colonisation.

Nous aurons de la sympathie pour ceux qui poursuivre contre vent et marée le travail d’information et de soin dans la progression d’une épidémie. Le travail patient de ceux qui luttent contre la faim, de ceux qui cherchent à sortir les enfants de l’exploitation du travail mérite notre respect.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Celui qui dénonce une imposture de grande ampleur et qui a la patience de mener à terme ce qu’il considère comme un devoir civique mérite notre reconnaissance.

Le récit de son combat et l’adversité qu’il a rencontrée suscite une certaine sympathie. D’autres à sa place auraient certainement jeté l’éponge et renoncé. Notre mauvaise conscience est aussi là pour nous dire que dans notre postmodernité nous avons lâchement choisi la facilité, l’inconscience et l’irresponsabilité.

Encore heureux qu’il y ait des gens qui sauvent l’honneur d’une humanité assoupie, bêlante et conformiste ! Au moins on peut ne pas désespérer de l’homme.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

On peut déverser cent mille plaintes sur les coups du sort, ou les épreuves de la Passion. C’est toujours ce que l’on pourra dire du dehors. Ce n’est pas du tout ce que nous verrions de l’intérieur dans la coïncidence totale avec la Passion.

La pure Passion traverse l’adversité dans un constant dépouillement, parce qu’elle fait corps avec elle, sans la moindre trace de division.

Parce qu’il n’y a pas de division, elle demeure Soi, sans se perdre dans le flux des évènements. Aussi conserve-t-elle dans son Feu, le détachement affectueux, le sourire sur lequel les événements n’arrivent pas à mordre.

Ce qui est incompréhensible pour la conscience habituelle

Ce que la conscience habituelle ne peut pas comprendre, c’est le paradoxe dans lequel l’énergie la plus haute est simultanément un équilibre qui demeure en repos.

Quelles leçons pourront battre l’adversité ?

Un dynamisme infini et l’immobilité intérieure du Silence.

La puissance libérée du Devenir maintenue simultanément avec le sentiment profond et riche de l’Etre intemporel. Paradoxe vivant de ce que Jaspers nomme la conscience de l’Englobant. En sanskrit on dit Brahman. En des termes plus contemporain, la conscience d’unité.

Le Maître Hakuin de notre histoire vit dans cette conscience et dans cet Eveil. Il accepte immédiatement le Devenir sous la forme d’une suite d’événements, il n’entre pas dans la dualité consistant à qualifier cela en bien/mal, en ami/ennemis, partisans/adversaires.

Cela est, au moment même où cela apparaît. Les nuages obscurcissent le ciel et masquent le soleil, puis s’en vont.

Le soleil est toujours là !

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